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L'OCTROI DES MOTS-GENTLY GIVEN WORDS
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21 octobre 2012

Ebauche d'un traité sur l'amour

Ebauche d’un traité sur l’amour

              

La recherche de l’autre

Si le mot comme symbole représente une chose absente c’est qu’elle est sinon désirable du moins désirée, le symbole ayant pour effet à la fois de jeter le voile sur la chose et de susciter sa quête, ceci pour qu’advienne le langage selon la dialectique du manque et du désir.

Ce manque à la complétude du mot est aussi désir comme les êtres séparés dans le mythe de l’androgynie de Platon pour qui l’humain aurait perdu sa moitié et donc serait condamné à la chercher pour retrouver l’amour suivant une connotation anthropomorphique du langage articulé ; celui-ci étant en effet ce qui nous distingue de l’inanimé.

Le symbole cache en suscitant le désir de complétude afin que le mot trouve son association avec la chose en son absence, il ne la dit qu’avec des mots arbitraires comme l’indique la théorie de l’arbitraire du signe chez Saussure sauf le poète dont la vocation initiale serait de dire la chose ( en établissant des liens entre le mot et la chose, voir plus bas la  tentative de Ponge pour y parvenir).

Des lors, ne peut-on pas noter en premier lieu une incomplétude du mot dont la mise à distance de la chose par le symbole serait faillite de l’authentique, le mot appartenant au poète, seul être capable d’illuminer le symbole et de dire le mot sans distorsion tout en manipulant la langue à la manière d’un alchimiste ?Ici tout se passe en effet comme si l’objet devenait l’interlocuteur privilégié du poète capable de décrypter les codes contenus dans ses messages selon le schéma d’énonciation et de se laisser ainsi informer par lui en des métaphores constitutives.

Le langage comme quête éperdue de complétude et d’amour cela tient peut-être à la nature du mot comme symbole marquant en plus de la distance l’hétérogénéité voire la dissymétrie dissonante du mot et de la chose.

Les fiançailles

Quelle est donc la nature du symbole et sa fonction et comment le mot et la chose retrouvent par ce biais un accord mutuel consonant« une harmonie de la mélodie et du rythme » pour reprendre une métaphore amoureuse de Platon dans « Le Banquet »?

Celui-ci tient lieu de lien tout en séparant, façon de mise à distance opaque qui entretiendrait paradoxalement des affinités à la fois de style et stylistiques avec le mot.

Par exemple, le symbole de la paix est un oiseau, la colombe et ceci n’est rien d’autre qu’une figure de style en l’occurrence une allégorie.

Ainsi pour que le mot désigne la chose par le symbole il faut avoir recours aux figures de style mais celles-ci sont implicites et comme en germe dans le mot qui part en exploration vers la chose pour se dire et l’atteint dans la rencontre d’un autre germe contenu dans la chose et qui présente un lien stylistique avec le premier selon le schéma mis en place par le poète qui est comme l’initiateur d’un avenant au langage.

Le mot naît.

Le mot naît comme une métaphore de la naissance chez l’être humain, issu d’un accouplement à la fois de style et stylistique source de plaisir pour reprendre la métaphore de l’accouplement ou de la maïeutique socratique qui accouche lui des âmes par le dialogue les délivrant par là de l’ignorance dans d’abord dans la souffrance puis la joie.

 

L’union amoureuse

Cependant, l’on peut se demander si une telle incarnation du mot ne le fait pas disparaître comme symbole. Il réapparait comme signe linguistique à double face (signifiant-image acoustique/signifié-concept) selon la définition du signe donné par Saussure avec en effet une partie cachée : le signifié.

Peut-on dès lors assimiler le signifié et le symbole, le signifié étant la face cachée du symbole le mot « commun » poursuivant son chemin comme image acoustique privée sinon de sens du moins  doté d’un sens incompatible avec le Vrai par opposition au mot-symbole lié au concept et manipulé préférentiellement par le poète-philosophe rompu au maniement des mots ?

Ce maniement  ressemble fort au « Parti pris des choses » de Francis Ponge où il tente de rendre compte des objets de la manière la plus précise et la plus rigoureuse possible, cherchant en particulier à exprimer leurs qualités caractéristiques. L'ambition du philosophe-poète consiste alors à établir des liens justifiant le rapprochement entre l'objet d'un côté et le mot de l'autre - ce que Ponge appelle « fonder (le mot) en réalité » : on a pu ainsi qualifier son travail de cratylisme, par référence au « Cratyle » de Platon où Socrate tente d'établir des étymologies ainsi « fondées en réalité ».

La dispute

Le frottement signifiant/signifié dans le cas des mots « communs » serait différent de celui observé chez le poète-philosophe. Une différence s’instaurerait dans le premier cas au profit du signifiant et dans l’autre cas au profit du signifié. Le poète-philosophe tente de dire la chose contrairement au langage « commun » qui reste au niveau de l’opinion, préjugés et autres a-priori selon Platon dans « La République », ce langage ne pouvant viser au Vrai selon l’auteur.

La réconciliation

Si le langage « commun » ne peut dire le vrai  selon Platon il n’en demeure pas moins qu’il peut également faire l’objet de manipulations verbales telles les glossolalies (Artaud) ou les performances poétiques et ainsi dire une forme de Beau même insensée.

 

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