Le réveil, version light
Le grille-pain a fait sursauter les plombs
Avant même de me réveiller
Odeur diurne nocturne
je perçois les murs noircis
tels des barreaux à tendance
je me tourne dans le lit à baldaquin
semie de miettes me braisant
les paupières encore closes
je pressends le malaise
les membres endoloris
je me lève en titubant
il est loin le café ?
entre chien et loup
sûrement
Si loin que je ne l'atteindrait comment
me lève plombée en surplus
la tête tournant carroussel
je ne sais trop où me diriger
la déper diction
diurne ou nocturne ?
c'est comme si la nuit était d'amour
et le réveil de charognards
pourtant ce ne sont que des mouettes rieuses
on se moquerait de moi
j'esquisse des mouvements valse -attitude
dans l'espace du réveil
les paupières mi-closes
à peine ouvertes
par l’incertitude
je hulule intérieurement
donnez-moi l’heure !
on m'aurait battue toute la nuit
on m'aurait fait l'amour toute la nuit
je ne sais
les mains nues je saisis follement
des objets
c'est l'heure de la FONCTION
il faut mettre les choses en ORDRE
dans un plat doré à l’or fin
empirisme délicat
mais je n'ai pas faim
j'ai faim de toi aime
voilà l'écart du doute
le matin en est le plus éclatant exemple
mais est-ce bien le matin que l’on se réveille ?
synthèse il faut encore rassembler
ces objets pour un ersatz de déjeuner
la synthèse je n'y arrive pas
l'hétéroclite me va mieux au teint
je suis comme un ventilateur froid
pale
le goût est indécis
comme les autres sens
le corps si exubérant
est insensible à ce qui est censé me nourrir
je ne mange pas de la nourriture
mais l'art de l'amour
singulièrement absent
le café et les mais
je les repousse comme des mets inappropriés
où sont mes rêves devenus ?
à mi-chemin ils sonnent le cor
sans cela
je fume en amertume
le réveil est toujours une source
celle de l’ambiguité
seule, mutique
sans horizon de bras
ni de ta musique
l'âme est en sursis
incertaine
je vis la nuit
à la frontière
Une mélodie dans ma vie ?
une mélopée dans mon lit ?
Ce n'est pas moi, impatiente, c'est toi
Une frontière commune
Celle de nos corps enlacés
Parfois de mise
Et alors Baume au teint
Tu me fais découvrir le jour
Je t’aime